Agriculture de Conservation et glyphosate : Diversité, stratégies et verrouillages en Région wallonne
L’Agriculture de Conservation est un système agraire alternatif qui minimise la dégradation du sol. Ce système semble dépendre du glyphosate. Qu’adviendra-t-il de l’Agriculture de Conservation en Wallonie si le glyphosate venait à être supprimé ?
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L’agriculture belge est face à de nombreux enjeux globaux et locaux. Pour y répondre, des alternatives émergent, dont l’Agriculture de Conservation (AC). Ce modèle agricole, comme son nom l’indique, se donne pour mission de protéger le sol de la dégradation. Pour ce faire, l’AC bannit le labour pour tendre vers une perturbation minimale du sol. En 2018, le mémoire de Braibant et Morelle soulève un verrouillage, entravant l’expansion de l’AC en Wallonie : la dépendance du système au glyphosate pour parvenir à s’affranchir du labour dans la gestion de l’enherbement. Or, depuis quelques années, l’herbicide est au cœur des controverses, avec le risque d’être prochainement supprimé. Qu’adviendra-t-il alors de l’AC en Wallonie ? Comment parviendra-t-elle à conserver les sols d’un travail intensif sans l’appui du glyphosate ?
Le premier objectif de cette recherche est de catégoriser la diversité des relations que les agriculteurs entretiennent avec l’AC et l’herbicide controversé. Le second consiste à analyser les stratégies employées sur le terrain pour se passer du glyphosate en AC. Le troisième objectif est de recenser les verrouillages compliquant la mise en place de ces stratégies. Ces objectifs ont été atteints grâce à la réalisation d’interviews semi-dirigées auprès de vingt-deux agriculteurs wallons, situés au nord du sillon Sambre-et-Meuse.
L’analyse des résultats montre, tout d’abord, qu’il existe une multitude de formes de relations entre les agriculteurs wallons, l’AC et le glyphosate. Les stratégies employées sont également très diversifiées. Certaines se placent dans une logique d’augmenter l’efficience du glyphosate, tandis que d’autres s’efforcent de le retirer du système, en le substituant par des interventions mécaniques ou chimiques, ou par une reconception de l’exploitation. Toutefois, ces stratégies ne sont pas toujours simples à mettre en œuvre. De nombreux verrous, économiques, de gestion, institutionnels, environnementaux, sociaux et techniques, freinent le développement d’une AC sans glyphosate.
Deux grandes mentalités se dégagent chez les agriculteurs rencontrés. La première défend la place du glyphosate en AC pour éviter un retour au travail intensif du sol. A contrario, la seconde estime faisable la construction d’une AC sans herbicide, née d’une convergence avec l’Agriculture Biologique. Ces deux “écoles“ utiliseraient des stratégies différentes et emprunteraient dès lors des trajectoires d’évolution dissemblables. La capacité de chaque modèle à répondre aux enjeux environnementaux, sociaux et économiques doit être testée et évaluée dans la perspective de trajectoires durables pour l’agriculture wallonne.